Né en 1932 à Marseille Décédé en mai 2007
Sur une quarantaine d'années d'activité, Jean-Claude Latil (1932-2007) a connu des situations très contrastées. On sait qu'il a exercé, tout d'abord, son art dans le décor de cinéma. Mais c'est dans son parcours autour des institutions que son itinéraire a pris un relief particulier.
Le peintre a été co-fondateur de la Coopérative des Malassis avec Cueco, Fleury, Parré et Tisserand. Ce groupe encombrant sous la cinquième république n'a pas ménagé ses engagements à travers des œuvres collectives telles que "L'appartemensonge", "Le grand méchoui", notamment, autant de brûlots qui n'avaient rien pour plaire aux institutions du pays. On ne peut oublier ces photos des Malassis, avec un Jean-Claude Latil barbu et chevelu, brandissant, à la sortie du grand Palais à Paris leurs toiles décrochées en protestation de "L'expo 72", au nez des forces de police, manifestation du plus mauvais effet pour les autorités alors que la reine d’Angleterre était en visite à Paris.
Lorsque, en 1998, je rencontre le peintre, c'est le directeur de l'école des Beaux-arts de Nantes qui se présente, directeur qui vient de quitter ses fonctions certes mais il s'agit bien du représentant d'une des institutions importantes dans le domaine artistique . Son parcours dans cette école, comme professeur puis comme directeur, témoigne de son implication au sein de l'institution.
Les années ont passé depuis les années soixante dix où la coopérative des Malassis développait ses immenses fresques (« Le grand méchoui », ou « Onze Variations sur le Radeau de la Méduse ou la Dérive de la société » (décor pour le centre commercial de Grenoble-Échirolles, axé sur la crise de la société de consommation sur 2000 m2 en 1974-1975).
Le peintre "mal élevé" des Malassis et le directeur plus policé de l'Ecole des Beaux-arts cohabitent dans le même homme. A ce moment, Jean-Claude Latil est redevenu peintre mal assis dans cette situation à la fois ancienne et nouvelle, s'interrogeant, en cette fin de vingtième siècle, sur les outils de son art, lui qui a connu le grand écart entre le militantisme des Malassis et l'approche artistique d'une nouvelle génération.
Lorsque la coopérative des Malassis était née, les artistes avaient choisi ce nom de la rue où ils travaillaient à Bagnolet, clin d'oeil à cette situation d'artistes volontairement non installés. Jean-Claude Latil , sur l'ensemble de son itinéraire contrasté, fut peut-être le plus mal assis de tous. parfois un de ces tintamarres. CG
Chronique
Durée: 13'30"
Année édition module: 2003