Né en 1940 à Cahors.
A Contes, dans l’arrière pays niçois, Bernard Pagès est installé en pleine nature. C’est là que, pour la première fois, je le rencontrai en 1975. Le sculpteur travaillait alors sur des agencements de billes de bois , ciment, briques, confrontant ainsi en permanence des éléments naturels avec des produits manufacturés.
Depuis quelques années déjà Bernard Pagès avait manifesté le besoin de travailler en solitaire, s’éloignant quelque peu de ses amis impliqués dans le groupe Supports/surfaces, se livrant aussi à quelques exercices singuliers :il répertorie des tas de gravier, classe les états d'un fil de fer recuit , élabore les premiers assemblages et illustre leur classement par leurs empreintes.
Plus de trente cinq ans plus tard, ses conditions de travail ont bien changé. Pagès a construit à côté de sa maison des ateliers dignes d’une industrie et l’œuvre a pris une ampleur nouvelle. En exposant à partir du 12 janvier au carré Sainte Anne à Montpellier,"Tout au bout Bernard Pägès "
Bernard Pagès ne voyage pas en terre inconnue. C'est dans cette ville, à l'école des Beaux Arts, que Vincent Bioulès, Toni Grand, François Rouan, Claude Viallat et Daniel Dezeuze se rencontrent. C'est à la préfecture de l'Hérault qu'est déposé le 5 août 1970 le nom du groupe. C'est encore à Montpellier, au centre Lacordaire, à la chapelle des Dominicains que se déroule la dernière exposition Supports/Surfaces , en 1972 avant sa dissolution.
La renommée des mouvements artistiques ne tient pas nécessairement à leur durée. C’est bien le cas de Supports/surfaces, groupe dans lequel les tensions entre les "Nordistes" ( Cane, Devade, Pincemin ) et les "Sudistes" ( Viallat, Bioulès, Pagès, Dolla) aboutirent assez vite au départ de Viallat et à la dislocation du groupe;
Bernard Pagès est resté un cas particulier, proche du groupe mais un peu en dehors, un peu en équilibre instable comme les oeuvres des années quatre vingt dix, où les sculptures évoluent vers des œuvres en déséquilibre apparent, obliques, ( "Le dévers aux tuiles" 1993, "Le dévers aux entrelacs"1993, "Le grand dévers" 1993, "Le dévers aux falbalas" 1994, "La déjetée" 1995 ). Ce faisant, alors que d’autres artistes de Supports-Surfaces, après avoir « mis à plat » la peinture, ont cherché leur voie sur d’autres rives de la figuration ( Cane, Bioulès, Pincemin notamment), Bernard Pagès, a prolongé , dans son cheminement solitaire, cette recherche des années soixante où la mise au premier plan du matériau constituait l’essentiel de la démarche.
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Chronique
Disponible uniquement dans le DVD "SUPPORTS/SURFACES"