Né en 1923 à Genève en Suisse . Mort à Issy les Moulineaux le 10 Octobre 2020
Ce qui frappe, en premier, chez Arthur Aesbacher, c’est son allure presque majestueuse. Le peintre se présente, consciemment ou non, comme un personnage de théâtre. Sa façon de parler ajoute à l’impression première.
Il y aurait presque du Dali chez cet homme. Suisse d’origine avant de s’installer à Paris où il fréquente l'Académie Julian et l'atelier de Fernand Léger, Aesbacher présente sa première exposition en 1951 à Paris (galerie de l'Étoile scellée,) sous le patronage d'André Breton, et Jacques Prévert préface le catalogue de sa deuxième exposition parisienne.
Arthur Aesbacher occupe une place originale dans l’espace de la création contemporaine. Classé parmi les « affichistes », il n’est pas assimilable aux Nouveaux réaliste, se tenant à distance des lacérations d’affiches réalisées par Raymond Hains ou Jacques Villeglé, Utilisant les lettres de typographie, il n’a jamais fait partie des Lettristes. Cet « Affichiste qui n’est pas un nouveau réaliste » confirmait Pierre Restany a donc creusé un sillon personnel où le matériau de l’affiche est strictement à usage pictural, loin de la fonction quasi sociologique à laquelle les nouveaux réalistes étaient attachés. « Aeschbacher utilise l'affiche comme un " matériau de peintre ". Pour lui, le langage de l'affiche, qu'il décolle puis recolle et recompose, est avant tout celui de ses couleurs, de son épaisseur et de ses décrochements ». Son travail sur les lettres intégrées dans des trames complexes a certainement intéressé voire influencé des artistes de la génération suivante, notamment ceux qui se retrouvèrent dans le groupe Textruction. L’un de ses membres, hélas trop vite disparu, Jean Mazeaufroid, m’avait parlé avec chaleur d’Arthur Aesbacher. Pour autant, l’œuvre d’Arthur Aesbacher ne se résume pas à ce travail sur l’affiche. Sa recherche . Avec la série des " lettres éclatées " ou des " stores surfaces " (1973), il développe cette nouvelle utilisation des lettres en abandonnant progressivement la pratique du collage/décollage. Plus surprenant, il collabore, dans années Quatre-vingt dix, au groupe MADI, dont la rigueur de l'art concret ne me semble pas si proche de cet artiste fantasque.
Dans ses Turn-cuts, les textes sont découpés en petits carrés, puis recollés en effectuant un mouvement circulaire. Arthur Aeschbacher s’approprie les mots pour en faire une matière à peinture. On l’a compris. Son oeuvre ne manque pas de caractères.
Chronique
Durée: 11'20 "
Année interview:1996
Année édition module:1999