Né le 17 août 1932 à Poyanne (Landes) . Décédé en octobre 2010
La face peut-être la plus connue de l’artiste est celle d’une oeuvre très proche d'un art construit, jouant sur des matériaux métalliques, à la section carrée, dont il déclinait l'assemblage dans l'espace. Sa rencontre avec Michel Seuphor en 1961 lui ouvre, en effet, l’univers de l’art géométrique. Seuphor lui fait rencontrer Aurélie Nemours, Luc Peire et bien d’autres artistes de l’art construit. Quand en 1969 il découvre ce tube carré et ses possibilités de pliage qui deviendra son matériau de prédilection., il participe dans le même temps au mouvement Co-Mo (Constructivisme et Mouvement).
Pourtant, sa formation l’engageait dans une autre voie plus classique. En 1950, lorsqu’il quitte la Gascogne pour Paris et commence des études d’architecture à l’école nationale des Beaux-Arts , Batbedat découvre l’atelier de sculpture Del Debbio où il apprend à tailler la pierre, atelier qui se situe impasse Ronsin parmi ceux de Brancusi, Max Ernst, Tinguely, Istrati, Dumitresco, Lacasse et Lalanne.
Cette sculpture de la pierre, où il retrouve les gestes de la confrontation au matériau, dans la poussière et le bruit, Vincent Batbedat ne pouvait pas l’abandonner.
Entre la froideur métallique des premières et la sensualité tactile des secondes, on pourrait croire qu’il s’agit de deux créations faites par deux sculpteursdifférents. C’est pourtant bien ce même homme au caractère généreux, à l’énergie débordante qui s’exprimait. Vincent Batbedat m’expliquait combien cette approche présentait d’avantages. Après avoir travaillé des mois sur la conception d’œuvres métalliques, rigoureuses, géométriques, le passage à la taille de la pierre arrivait comme une récréation, et donc comme une re-création. Si l'homme était volontiers bavard, il se méfiait cependant des mots pour décrire son travail :
"L'objet de la Sculpture est l'indicible elle ne suggère pas ni ne prétend à définir elle concrétise lorsque les mots deviennent impuissants (et c'est très vite) là, elle commence à rayonner."
C'est le mot de structure qu'il faut cependant mettre en avant pour relier dans une même approche ces deux faces de l'oeuvre du sculpteur. Reprenant l'enseignement de Michel Seuphor, Vincent Batbedat affirmait :
"La Structure, c'est le principe du monde. La Sculpture, c'est la structure à notre portée humaine."
Et dans les années récentes, assemblages métalliques et sculpture de la pierre se rejoignaient davantage encore dans cette révélation de la structure. L'homme excessif, généreux, bouillonnant laisse une oeuvre Janus dont les deux faces révèlent cette âme de la structure du monde.
Chronique
Durée: 11'45"
Année édition module:2000