Ce magazine présente un extrait du module de l'Encyclopédie

Né en 1927 à Marseille. Mort le 12 Janvier 2021

Louis Pons a suivi des voies singulières avant de se consacrer à l’art. Il apprend le métier d'ajusteur mais ne l'exerce pas. Comptable (mais un mois seulement s'excuse-t-il, à cause ou grâce à une addition fausse), vendangeur, peintre en bâtiment.... Ne pouvant se résoudre à s’installer dans une activité sociale établie, Louis Pons se saborde et décide en quelque sorte de faire naufrage sur une île qu’il choisit, celle de la création. C'est le "petit métier" de dessinateur de presse à la Libération dans les journaux de la résistance, à Marseille, qui révélera son véritable destin. Le dessin est resté, jusqu’à ce jour, un moyen d’expression quotidien. Des milliers de dessins jalonnent son parcours, même sur le dos des enveloppes destinées aux lettres qu’il écrit à ses amis.
Sur son île de naufragé, l’artiste a cherché à fait œuvre de tout bois. S'il aime dire que "la décharge publique est un musée qui a raté son coup", lui s’est emparé de trésors dénichés au gré de ses investigations : le cadavre d'un animal, un bout de ferraille, une racine, un morceau de bois, quelques clous ... Avec toutes ces découvertes faites sur son île aux trésors, Louis Pons a conçu, assemblé, collé sur ses tableaux des oeuvres qui conjurent peut-être quelques maux personnels : "Mieux vaut, dit-il, un cauchemar bien à soi que le rêve d'un autre."
Aussi, c'est avec un sourire permanent et un rire presque gêné qu'il ponctue chaque phrase cachant une timidité certaine. Louis Pons parle de son oeuvre presque en s'excusant. Il sait que même les singuliers de l'art sont classés en "singuliers".
Ce naufragé volontaire de l’art, avec le recul du temps, continue paisiblement son œuvre avec la satisfaction sereine d’avoir fait le bon choix :
« Faire naufrage par temps calme, dit-il, est d’une rare élégance ».

Chronique

Louis Pons, naufragé volontaire

Durée: 12'35"
Année édition module:1998