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Rustin Jean
Né le 3 mars 1928, à Montigny-les-Metz. Décédé le 24 Décembre 2013
Tourner le dos à une œuvre reconnue, remarquée, n’est pas pratique courant chez un peintre. Car si l’artiste décide parfois de rompre avec son premier engagement, il n’est pas banal de le voir prendre radicalement un sens opposé. Ce basculement complet d’un itinéraire reste exceptionnel chez un peintre. C’est pourtant cette attitude qu’assumera le peintre Jean Rustin. Les années 1950 et 1960 ouvrent, chez lui, une période de l’abstraction lyrique, joyeuse. Les couleurs sont vives, il ressort de cette production un sentiment de légèreté et de gaieté. Ses débuts sont vraisemblablement influencés par la peinture abstraite dominante alors à Paris et par le groupe Cobra.
Une importante rétrospective de 160 toiles organisée par Pierre Gaudibert, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1971, constitue un point de repère essentiel dans le parcours du peintre. Il est, à ce moment , bouleversé par la vision de l’ensemble de ses oeuvres qu’il jugera dès lors «trop belles», «trop faciles».
» J’en avais assez de faire un chef-d’œuvre chaque matin » confesse Jean Rustin.
C’est donc au début des années 1970 que tout bascule. Rencontrant, par l’intermédiaire de son épouse, le milieu médical de la psychiatrie, Jean Rustin abandonne cette abstraction pour une figuration où les corps nus s’exhibent dans une atmosphère étouffante.
Et c’est dans cet univers que le peintre trouve son équilibre, son bonheur de peindre.
La palette colorée et vive des années cinquante a laissa la place au gris. Cette peinture dérange, gêne le spectateur. Et cet itinéraire singulier nous interroge. Où est la véritable identité du peintre ? On peut, bien sûr, imaginer que les deux composantes participent l’une avec l’autre ou l’une après l’autre à cette personnalité complexe de l’artiste. Pourtant son témoignage est clair: Jean Rustin n’était pas à soin aise dans la joyeuse abstraction lyrique et se trouve pleinement en accord avec l’atmosphère lourde de sa figuration.
Peut-être faut-il accepter la réponse qu’il nous fait au sujet de la peinture : « C’est bien dans le corps, dans la chair, que finalement s’écrit l’histoire des hommes, et peut-être même l’histoire de l’ art. »
Jean Rustin, à corps perdu
Durée: 12'30"
Année édition module:2003